vendredi 5 septembre 2014

Ebola : les soignants, épuisés et en nombre insuffisant, touchés par le virus

L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest n'en finit pas de s'étendre, avec plus de 1 900 morts pour 3 500 cas confirmés. Le virus touche également de plus en plus durement les personnels de santé, alors que plus de 120 en sont morts en Guinée, au Nigeria et en Sierra Leone, sur 240 personnes ayant développé la maladie, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plusieurs facteurs expliquent cette « proportion élevée » de personnels médicaux infectés, avance l'OMS, qui cite la pénurie d'équipements de protection individuel (masques et gants) et leur mauvaise utilisation, le nombre largement insuffisant de médecins et la surcharge de travail des médecins qui sont donc plus enclins à faire des erreurs.


INCIDENT METTANT EN CAUSE UN MÉDECIN DE L'OMS

Médecins sans frontières (MSF), la seule organisation présente sur place, est désormais touchée dans ses propres rangs. Pour la première fois, trois personnes employées par l'ONG, des nationaux, sont mortes contaminées lors d'interventions, malgré les consignes strictes et un fonctionnement très sécurisé des centres.

Plus grave, un incident mettant en cause un médecin de l'OMS s'est produit fin août à Kailahun, en Sierra Leone. Celui-ci n'aurait pas signalé son état infecté, et aurait contaminé d'autres personnels soignants, dans le centre même où résidaient toutes les équipes d'intervention.

« Beaucoup de personnes sont alors devenues “suspectes”, tout le monde se méfiait de tout le monde, et certains ont dû être retirés de l'intervention dans le centre de traitement », raconte une personne alors sur place. « Les équipes ont été choquées, les laboratoires sont sortis du dispositif, certaines missions ont été écourtées, mais MSF est restée sur le terrain », confirme Marc Poncin, coordinateur pour Médecins sans frontières (MSF) à Conakry, la capitale guinéenne.

MANQUE DE PERSONNELS ET DE LITS

Certes isolé, l'événement illustre l'état de tension et de fatigue sur le terrain. La situation la plus grave est actuellement observée au Liberia, en particulier à Monrovia. « Nous gérons un centre de 160 lits, mais nous refusons les patients à l'entrée, souligne Marc Poncin. Entre 800 et 1 000 personnes contaminées pourraient se trouver en dehors de toute structure sanitaire. »

Il faut des personnes sur le terrain, pas des experts en conseil, martèle MSF. « Ce n'est pas dans deux mois qu'il faut ouvrir 500 lits supplémentaires à Monrovia, mais demain », insiste Rosa Crestani, coordinatrice de l'intervention Ebola pour MSF.

« Ce qui pouvait être suffisant au début ne l'est plus. Il faut mouiller la chemise », témoigne Marc Poncin. L'engagement sur le terrain de son organisation a atteint un seuil critique, avec 210 intervenants internationaux (les « expatriés ») et plus de 1 700 personnels nationaux, les ressortissants des pays affectés.

« On a dépassé les limites de la faisabilité, notamment à Monrovia [Liberia] et en Sierra Leone. Ce n'est pas en deux jours que l'on peut former les personnels. Il faut quatre mois de formation pour savoir ouvrir et gérer un centre de traitement qui soit sûr, pour qu'il ne devienne pas un centre de diffusion du virus », estime Rosa Crestani.



Source : Le monde (Planète)

Publié sur Actu Hazmat-Nrbc

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