Le Japon se prépare à lancer sa deuxième mission de retour d’échantillons d’un astéroïde, un géocroiseur en l'occurrence. Elle y déposera également deux atterrisseurs, dont un fourni par le Cnes et le DLR (Allemagne). Ces petits corps sont les témoins des débuts de notre Système solaire, constitué des restes de la formation des planètes.
Après le succès de la mission Hayabusa qui, en en juin 2010, a rapporté pour la première fois sur Terre des échantillons d’un astéroïde (Itokawa) et cela malgré d’incroyables péripéties techniques qui ont retardé son retour, la Jaxa (Japan Aerospace Exploration Agency) "remet le couvert" en dévoilant Hayabusa-2. À l’instar de sa prédecesseure, cette mission aura pour principal objectif de collecter et rapporter sur Terre les éléments d’un astéroïde.
Si (25143) Itokawa est un astéroïde de type S (silicaté), celui choisit pour Hayabusa-2 est un astéroïde de type C (riche en éléments carbonés) qui circule non loin de notre planète. C’est d’ailleurs un géocroiseur, son orbite croise régulièrement celle de la Terre. Il est connu sous le nom très poétique de 1999 JU3. Telle qu’elle est planifiée, la sonde spatiale sera lancée en décembre 2014 et devrait atteindre sa cible en juin 2018. Elle en repartira en décembre 2019 en vue du retour sur Terre des échantillons, un an plus tard, soit décembre 2020.
Avec une taille estimée à environ un kilomètre, 1999 JU3 est deux fois plus grand qu’Itokawa. Il s’en différencie également par sa composition. Les observations réalisées depuis le sol laissent à penser que l’astéroïde pourrait contenir des composés organiques, que les chercheurs supposent être les précurseurs de la vie terrestre. En tout état de cause, son étude apportera un éclairage nouveau sur l’histoire de la formation du Système solaire, commencée voici quelque 4,6 milliards d’années.
L’astéroïde Itokawa photographié en septembre 2005 par la sonde spatiale Hayabusa. © Jaxa |
À cela s’ajoute que, à la différence d’Hayabusa-1, les échantillons ne seront pas recueillis à la surface de l’astéroïde, mais à l’intérieur d’un cratère que la sonde aura elle-même créé ! Les échantillons ainsi récupérés n’auront pas été exposés au vide spatial et n’auront donc pas été altérés par l’usure du temps et les effets des différentes formes d’énergies rencontrées dans l’espace (vent solaire, rayons cosmiques). Et c’est le point fort de la mission.
Témoin des origines
L’étude des astéroïdes passionne, car ils sont des vestiges de la formation des planètes. Ils conservent dans leurs sous-sols intacts, les conditions initiales qui prévalaient au moment de leurs genèses. En surface, les matériaux sont certes très anciens mais, comme expliqué plus haut, exposés pendant des milliards d’années au vide spatial et sous l’effet des micrométéorites présents dans le milieu interplanétaire, ils perdent une partie des informations relatives à la naissance des planètes. Enfin, dans le cas des géocroiseurs, il faut savoir que si les conditions spatiales vieillissent et érodent leur surface, les matériaux qui la composent sont renouvelés par les effets des forces de marée gravitationnelle lors de leur passage à proximité de la Terre, tendant ainsi à faire remonter à la surface de la matière interne.
Cela dit, les échantillons de poussières rapportés par Hayabusa-1 n’en demeurent pas moins d’un très grand intérêt scientifique. Leur analyse a confirmé que les astéroïdes de ce type étaient bien des objets très primitifs de notre Système solaire. En effet, les poussières d’Itokawa sont apparues identiques aux météorites les plus courantes sur Terre, connues sous le nom de chondrites ordinaires. Ces poussières ont également permis de réécrire l’histoire d’Itokawa en montrant que dans son passé, cet astéroïde fut beaucoup plus grand (20 kilomètres).
La mission prévoit également de déposer sur 1999 JU3, deux petits engins. Minerva-2, un petit rover similaire à celui embarqué par Hayabusa-1, sera doté de caméras et de thermomètres. Le second, Mascot (Mobile Asteroid surface SCOuT) est un atterrisseur de dix kilogrammes, développé en coopération avec le Cnes et la DLR, dans la lignée de Philae de la mission Rosetta. Pourvu d’un mécanisme de mobilité, il pourra visiter trois sites sur l’astéroïde et étudier la surface de l’astéroïde à l’aide de ses quatre instruments. Il fonctionnera sur batteries pendant environ 12 heures.
Source : Rémy Decourt, Futura-Sciences
Publié sur Mouvement cosmique
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