Vue rapprochée du site choisi pour l'atterrissage de Philae sur la comète 67 P Credit photo : Esa/Rosetta |
L'atterrissage d'une petite sonde sur le noyau d'une comète est une opération à haut risque que va tenter l'Agence spatiale européenne (ESA) dans deux mois, autour du 11 novembre. Ce week-end, les scientifiques et les ingénieurs européens réunis sur le centre toulousain du Centre national d'études spatiales (Cnes) se sont réunis pour choisir le site où Philae, le petit passager de la sonde Rosetta, tentera de se poser. Sur les 5 sites présélectionnés il y a trois semaines, c'est finalement le site J, situé sur la «tête», le petit lobe du noyau double de cet étrange amas de glace et de poussières, qui a fait l'unanimité et qui a été présenté lundi au public au siège de l'ESA.
«Aucun des sites d'atterrissage retenus ne répondait à 100 % aux critères définis par les ingénieurs, mais c'est finalement le site J qui présente le moins de risques et devrait satisfaire l'intérêt des scientifiques», a résumé Fred Jansen, responsable de la mission Rosetta à l'ESA. La principale difficulté tient à la géométrie très irrégulière de la comète 67P Tchourioumov Guerassimenko, avec un «corps» et une «tête» reliés par un col. Cette morphologie inédite complique la trajectoire d'approche, alors que l'atterrisseur Philae a été imaginé et conçu il y a vingt ans. À l'époque, personne n'avait jamais vu de près le noyau d'une comète, et encore moins celui de 67P choisi pour Rosetta.
«N'oublions pas que tout ce que nous avons fait depuis deux mois avec Rosetta est déjà une première mondiale. Personne n'avait jamais réussi à survoler d'aussi près et pendant aussi longtemps le noyau d'une comète», rappelle Fred Jansen.
L'autre source de risque pour l'atterrissage tient au fait que l'activité de la comète est erratique et, pour le moment, difficilement prévisible. «On n'y comprend rien à cette comète, avoue avec humilité un chercheur français. Elle n'évolue pas du tout comme on s'y attend.» Or cette activité, provoquée par la transformation de la glace en vapeur d'eau au fur et à mesure que la comète se rapproche du Soleil, est cruciale à double titre. Une éruption de gaz inattendue au milieu du site J obligerait notamment à se rabattre sur le site d'atterrissage de repli, site C, sur le corps principal de la comète. Mais il est moins intéressant scientifiquement et plus risqué.
Une aubaine pour la science
D'autre part, l'éjection de gaz et de poussières, qui sont à l'origine de la queue laissée dernière la comète, ont aussi un impact sur la trajectoire de Rosetta, qui sera placée en orbite à seulement 10 km d'altitude (contre 30 km aujourd'hui). «Le problème, c'est que l'impact de ces gaz sur la sonde peut être plus important que la très faible attraction gravitationnelle de la comète, et ce qui fait qu'il est pour nous très difficile de prévoir avec précision la trajectoire future de la sonde», explique Andrea Accomazzo, responsable des opérations de vol de Rosetta à l'ESA. Un manque de précision qui augmente les risques de voir Philae se poser sur un relief dangereux.
Au-delà de l'exploit technique, l'atterrissage du petit laboratoire Philae, vers le 11 novembre, serait une aubaine pour la science. «C‘est une occasion unique d'analyser la composition de la couche de matériaux réfractaires très sombres qui recouvrent le noyau», précise Jean-Pierre Bibring, planétologue à l'Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay et responsable scientifique de Philae. «Ces molécules contenant du carbone avec des combinaisons variables d'hydrogène, d'oxygène et d'azote, sont des témoins uniques du grand nuage de gaz qui a donné naissance à la Terre et aux autres planètes du Système solaire il y a 4,5 milliards d'années.»
Source : Le Figaro
Publié sur Mouvement cosmique
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